Derrière la façade de centres éducatifs et culturels chinois se cache une ambition plus insidieuse : contrôler nos idées, renforcer l’influence de la Chine, y compris en Afrique, et diffuser la propagande du Parti communiste chinois (PCC).
Depuis leur création en 2004, les Instituts Confucius se sont multipliés à travers le monde, devenant des vecteurs majeurs de la diplomatie culturelle chinoise. En Afrique, leur expansion rapide illustre la stratégie subtile de la Chine pour renforcer son influence sur notre continent.
Le premier Institut Confucius africain a vu le jour à Nairobi, au Kenya, en 2005. Depuis, leur nombre n’a cessé d’augmenter, atteignant 61 instituts et 44 classes Confucius dans 46 pays africains en 2020. Créés sur le modèle des Alliances françaises, du Goethe Institut ou du British Council, ces instituts chinois s’intègrent souvent au sein des universités locales, offrant des cours de langue chinoise et organisant des activités culturelles variées telles que la cuisine, le tai-chi, et la calligraphie. Ils sont un exemple concret du « soft power », la diplomatie douce.
L’Institut Confucius de l’Université de Lagos au Nigéria, inauguré en 2009, propose ainsi des cours de chinois, organise des compétitions de langue et de culture chinoise, et offre des bourses d’études en Chine pour nos étudiants. Ces initiatives permettent de tisser des liens étroits avec les populations locales et de promouvoir la langue et la culture chinoises.
Minimiser les aspects controversés du régime
Les Instituts Confucius jouent un rôle crucial dans la diffusion d’un narratif positif sur la Chine. En présentant le développement économique chinois comme un modèle à suivre, ils cherchent à gagner notre sympathie et notre coopération. Cette stratégie de soft power vise à dissiper les perceptions négatives associées à la Chine, notamment les accusations de néocolonialisme et de menace économique.
L’Institut Confucius de l’Université de Dar es Salaam, en Tanzanie, organise régulièrement des événements culturels et des expositions mettant en valeur les réalisations économiques et technologiques de la Chine. Ces événements visent à promouvoir une image positive de la Chine et à minimiser les aspects controversés de son régime politique, notamment lorsqu’il s’agit de la prédation de nos ressources ou de nos terres agricoles…
Bien que ces instituts soient présentés comme des centres culturels et éducatifs indépendants, ils sont en réalité sous l’autorité du Hanban, Bureau national pour l’enseignement du chinois comme langue étrangère. Ce bureau est une branche du ministère de l’Éducation chinoise en réalité étroitement associée au département de propagande.
Cette association se traduit par un contrôle strict sur les programmes éducatifs et les activités culturelles des Instituts Confucius. Les directeurs des instituts sont souvent nommés par le Hanban et doivent se conformer aux directives du gouvernement chinois. Cela permet au PCC de s’assurer que les contenus diffusés par les instituts sont alignés sur les objectifs de propagande du parti, évitant les sujets sensibles tels que le Tibet, Taïwan, les droits de l’homme et les mouvements démocratiques.
Critiques et perceptions négatives
Malgré leurs efforts pour se présenter comme des centres culturels neutres, les Instituts Confucius font face à des critiques croissantes. Des voix s’élèvent pour dénoncer leur rôle de propagande et d’ingérence culturelle. En Afrique, ces critiques sont particulièrement vives dans les milieux académiques, où des préoccupations concernant la liberté académique et l’indépendance institutionnelle sont exprimées.
Un exemple notable est la controverse entourant l’Institut Confucius de l’Université de Stellenbosch en Afrique du Sud. En 2014, des membres du corps professoral ont critiqué l’institut pour avoir imposé des restrictions sur les discussions concernant des sujets politiquement sensibles tels que le Tibet et Taïwan. Ces restrictions ont été perçues comme une tentative de censurer les débats académiques et de promouvoir la ligne officielle du gouvernement chinois, soulevant des préoccupations quant à l’intégrité académique et à la liberté d’expression.
Des pressions exercées sur des enseignants
En 2018, l’Institut Confucius de l’Université de Nairobi au Kenya a été accusé de pressions exercées sur les enseignants pour éviter d’aborder des sujets sensibles en classe, notamment les droits de l’homme en Chine, comme le Tibet, Taiwan, Xinjiang, etc… Ce cas a mis en lumière la manière dont les Instituts Confucius peuvent exercer une influence sur le contenu académique pour répondre aux intérêts du PCC.
En jouant un rôle clé dans la diplomatie publique chinoise, ces instituts cherchent à façonner les idées et perceptions de nos populations, tout en consolidant les liens politiques et économiques entre la Chine et l’Afrique. Il est crucial de rester vigilant face à cette influence insidieuse et de défendre l’autonomie et l’indépendance de nos institutions académiques. Nous devons nous mobiliser pour protéger notre patrimoine culturel et résister à toute forme d’ingérence étrangère qui menace notre souveraineté et notre identité.