Le soft-power de la Chine en Afrique : un pont à sens unique

Le soft-power de la Chine en Afrique : un pont à sens unique

Bien que les échanges culturels puissent théoriquement offrir des opportunités de compréhension mutuelle, la réalité montre une dynamique déséquilibrée où la culture chinoise va probablement submerger et étouffer les cultures locales africaines

Le soft-power de la Chine en Afrique : un pont à sens unique

L'influence des Médias et la Marginalisation des Productions Locales

Les relations entre la Chine et l’Afrique ont connu une croissance significative au cours des dernières décennies, marquées non seulement par des investissements économiques et des accords politiques, mais également par une expansion de la culture chinoise en Afrique. Une diffusion massive des contenus culturels chinois qui pose le problème de l’impérialisme de la Chine et de son expansion qui écrase toute autre production culturelle, particulièrement les productions locales.

L’une des manifestations les plus visibles de cette influence culturelle chinoise en Afrique est l’expansion des médias chinois, tels que CGTN (China Global Television Network) et StarTimes. CGTN, diffusée en anglais et en français, propose des contenus qui promeuvent une vision idéalisée de la Chine et minimisent les aspects controversés de sa politique intérieure et extérieure. StarTimes, une société chinoise de télévision par satellite, inonde les foyers africains de contenus chinois, marginalisant de facto les productions locales et créant une dépendance culturelle à l’égard de la Chine.

Cinéma et série comme outil de propagande

Les messages véhiculés dans le cinéma et les séries télévisées chinoises sont également douteux. Ces contenus, souvent doublés ou sous-titrés en langues locales, véhiculent des valeurs et des idéologies chinoises qui peuvent ne pas être en harmonie avec les cultures africaines. L’initiative China-Africa Film Festival, par exemple, pourrait être vue comme un outil de propagande, visant à renforcer l’influence culturelle chinoise plutôt qu’à favoriser un échange équitable et respectueux. En effet, alors que les vecteurs de la culture chinoise affluent en Afrique, l’inverse n’est pas vrai. A titre d’exemple, il n’existe pas de festival culturel africain en Chine.

Les programmes d’échange culturel entre la Chine et l’Afrique, tels que les festivals de la culture chinoise et les semaines de cinéma chinois, semblent être des stratégies délibérées pour ancrer davantage la présence chinoise en Afrique. Alors que ces événements permettent aux Africains de découvrir la culture chinoise, ils soulèvent des inquiétudes quant à la possibilité d’un impérialisme culturel, où la culture chinoise domine et éclipse les chatoyantes traditions africaines.

L’influence croissante des contenus culturels chinois en Afrique aura des répercussions négatives à long terme, car les acteurs culturels africains ne pourront pas entrer en compétition face à l’industrie chinoise qui cherche à dominer de plus en plus de marchés. Dès lors, il faut s’attendre à une érosion de nos identités culturelles locales. Cette invasion culturelle peut également accentuer les inégalités, en favorisant une vision unilatérale de la mondialisation culturelle où la Chine dicte les termes de l’échange culturel.

Un “Soft Power” asymétrique

La diffusion des contenus culturels chinois en Afrique s’inscrit clairement dans une stratégie plus large de « soft power » visant à accroître l’influence mondiale de la Chine. En promouvant sa culture, la Chine cherche à façonner une image positive et à gagner des alliés politiques et économiques. Cependant, cette stratégie peut être perçue comme une tentative de domination culturelle, où les infrastructures culturelles chinoises et bourses d’études offertes aux étudiants africains ne sont pas seulement des gestes de bonne volonté, mais des moyens de renforcer l’influence et le contrôle chinois en Afrique. Présents dans plus de 45 pays, les instituts Confucius sont l’exemple le plus connu du soft power chinois. Leur rôle est de promouvoir la culture chinoise et de détecter les futurs relais d’influence. Toutefois, il est intéressant de constater que la Chine n’a jamais accueilli aucun centre culturel d’origine africaine sur son territoire, entérinant, si le doute persistait, une asymétrie en faveur de la Chine.

La diffusion de ces pseudos contenus culturels dissimule mal des intérêts impérialistes chinois. Il est essentiel que les pays africains protègent et valorisent leurs propres patrimoines culturels face à cette montée en puissance de l’influence culturelle chinoise. Il s’avère ainsi crucial de maintenir une vigilance critique et de promouvoir des échanges culturels véritablement réciproques et respectueux, afin de préserver la richesse et la diversité de nos cultures dans un monde de plus en plus globalisé.

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